Fleur Chevalier : L’image débridée. x

Fleur Chevalier : L’image débridée. L’expérimentation audiovisuelle et à la télévision portée sur les années 1970, 1980 et 1990.

La conférence débute par l’évocation des travaux de Jean Christophe Averty, expert sur les trucages électroniques qu’il expérimente assez tôt grâce à ses images d’incrustations faites de collages. Cet héritier de dada et du surréalisme, avait une très haute idée d’un média télévisuel qu’il érigea en art, avec le désir de “réveiller le téléspectateur”. Il donc pris  le contre-pied d’un programme de télévision formaté en s’octroyant beaucoup de libertés au sein de ses créations. Jean Christophe Averty se vivait en “peintre électronique” et créait des “images d’enluminures”. Pour lui, la télévision était un véritable instrument de création.

Les images changent la manière de voir le monde, de même pour la technologie.

Le numérique permet de transformer les images facilement. La télévision, de son côté, utilise un signal vidéo qui peut être détourné. On peut intervenir en direct sur ce flux afin de transformer ou de déformer les images diffusées à l’intérieur. Il s’agit d’une nouveauté, il n’y a aucune obligation d’avoir un support de création de type caméra. Cette utilisation inédite de l’image électronique permet notamment de sortir de l’image photo réaliste traditionnellement employée à la télévision.

Dans le cadre du Service de la recherche dirigé par Pierre Schaeffer, différentes structures sont mises en place (groupe son, groupe de recherche technologique, groupe image) pour accueillir des chercheurs et des artistes de tous les domaines. Les artistes expérimentent l’image électronique : ils traitent le signal de l’image comme un signal sonore, ils  testent la solarisation, c’est-à-dire à l’inversion des valeurs lumineuses d’une image ou encore expérimentent  la colorisation. Leur but est de penser en dehors des formats habituels de l’image télévisuelle et de son utilisation traditionnelle, en manipulant ce qui les entoure.

Robert Cahen, figure de l’art vidéo et de l’utilisation de l’électronique dans l’art et le traitement des images, travaille sur la mémoire et la réminiscence. Son approche commence avec le film en pellicule. À partir de son banc titre, il anime un film avec ses prises de vues argentiques, il aime travailler sur la vitesse qu’il accorde aux passages de ses photographies et photogrammes, et particulièrement sur le ralenti ainsi il introduit la notion de mouvement dans une image fixe. Il fait du “télécinéma” en utilisant le spectron (un synthétiseur d’images)  afin de “truquer ses images”.

Steina et Woody Vasulka envisagent les manipulations de l’énergie électromagnétique comme une forme de langage. Ils réalisent de nouveaux essais visuels et fabriquent des machines qui permettent de sonder le processus de création de l’image électronique depuis un synthétiseur vidéo, capable de produire des images abstraites, jusqu’au système numérique.

L’artiste Geneviève Hervé utilise le maquillage comme support de création. Le spectron modèle les décors et l’artiste calcule le maquillage qu’elle réalise en live par rapport aux effets qui seront produits. Elle peut ainsi jouer avec des trames qu’elle intègre dans les corps et inversement. 

Fleur Chevalier termine sa conférence sur le collectif de graphistes Bazooka et  notamment sur le protagoniste soviétique qui parodie l’imagerie allemande Kiki Picasso et sur sa Paintbox.