Du 10 au 18 octobre 2020, la Design Week, point d’orgue de la programmation de Lille Métropole 2020, Capitale Mondiale du Design, a donnée la parole au design. Invité parmi un ensemble d’écoles d’art et quelques acteurs de la profession, l’Ésac a proposé un aperçu de créations issues du Diplôme National d’Art option Design Graphique 2020, et une présentation de travaux réalisés dans le cadre des Ateliers de Recherche et Création. Cette proposition d’exposition intitulé D’Écrans à Écrans témoigne de la réorganisation des études et de la mise en place d’outils de production durant la crise du COVID-19.
D’ÉCRANS À ÉCRANS
Les écoles d’art et de design françaises proposent un large spectre d’enseignement pratique et théorique. Une gamme d’ateliers regroupant la peinture, l’illustration, la gravure, la vidéo, la photo, la création numérique, la performance… Des espaces de création dans lesquels la monstration, le geste technique, le travail collégial sont des formes d’accompagnement primordiales pour aider les étudiant·e·s à intensifier leurs propositions artistiques.
Difficile pendant cette crise du COVID-19 de maintenir ces formes d’enseignement qui engagent la manipulation et l’expérimentation sur site, d’autant plus que pour garder le cap (l’objectif des diplômes) le virtuel et l’écran comme interface se sont imposés. Il a fallu, pour certains enseignements, se plier à la configuration et aux limites des ordinateurs, chamboulant parfois les modalités de création et de restitutions de certains ateliers. L’ordinateur comme outil n’a pas été la solution idéale pour toutes les spécialités, mais il a tout de même été un territoire de réflexions et de basculement pour les profanes comme pour les designers du numérique.
L’École Supérieure d’Art et de Communication de Cambrai est, depuis un certain temps, sur une dynamique de création Open Source et libriste. Portée par son programme de recherche Retour Aux Sources, l’école tente de s’émanciper des géants numériques de la mise en forme et de la création d’images assistée par ordinateur.
Déjà inscrit dans son programme, le code informatique comme médium de création permet aux étudiant·e·s de produire une image, une animation, une installation… de A à Z, sans être dépendant des logiques de travail sélectif proposées par les logiciels privés. Cette situation de confinement a été propice à l’expérimentation de ces outils numériques libres. De manière pratique, le code est un outil extrêmement flexible et manipulable à distance sur des plateformes qui permettent le travail collaboratif (serveur partagé sur lequel les étudiant·e·s peuvent échanger et modifier des briques de codes, et les exécuter sur un navigateur web). Du côté théorique et philosophique, une envie de se détacher d’une camisole numérique omniprésente (GAFAM, Adobe…) est palpable chez nos plus jeunes, et donne des élans de motivation pour s’approprier (à nouveau) cet environnement digital.