Présentation x

Les intentions et objectifs scientifiques du programme

L’école d’art constitue un lieu privilégié pour réenvisager les questions qui touchent les créations numériques, leur réactivation et leur valorisation, largement relayées à la fois dans les travaux des étudiant-e-s mais aussi dans les écrits qui les accompagnent. Les équipes pédagogiques ont en ce sens un rôle à jouer, en engageant une pluralité de démarches : penser les outils du numérique, aider les étudiant-e-s à travailler avec les supports existants ou considérés comme dépassés et les sensibiliser par là même à l’histoire des médiums et des techniques.

Axe 1: Puiser dans l’existant ou l’obsolète pour réinventer

C’est bien là l’intention du projet « Retour aux sources » : il faut savoir se saisir de l’existant pour produire des œuvres originales. La machine doit être pour l’étudiant-e en graphisme un outil d’émancipation et non pas un outil d’enfermement formel et technique. Nous sommes dans une période qui favorise l’harmonisation et la stabilité des langages informatiques, c’est l’occasion pour nos étudiant-e-s d’école d’art de s’emparer de cette histoire et de proposer de nouvelles formes d’art numérique. Apprendre à créer avec l’existant, c’est montrer aux étudiant-e-s les circulations possibles entre les supports analogiques et numériques. Il s’agit de les initier à la création « post-analogique », autrement dit, de les guider vers une création ouverte, déjà là, qui prend en compte le patrimoine médiatique du XXe siècle (vidéo, télévision, disque, radio,…), qui ne le considère pas comme une ressource désuète mais l’envisage au contraire comme une ressource opérationnelle compatible avec la création numérique contemporaine. Cette approche collective des outils technologiques semble nécessaire au regard des discours qui défendent l’obsolescence programmée et l’immédiateté.

Axe 2: Sauvegarder et valoriser

Pour ne pas que l’apprentissage et la fabrication des instruments restent éphémères et pour nous aligner sur une dynamique de partage et de diffusion que porte notamment l’open source, nous devons mutualiser nos outils de création : rendre visible et utile une méthode pour que d’autres s’en emparent. Nous avons déjà amorcé ce travail à travers le projet inter écoles d’art open(RE)source, plateforme de mutualisation d’outils pour graphistes. Au-delà de la diffusion de l’outil, se profilent d’autres questionnements, notamment : Comment sauvegarder nos créations numériques (le net art, les applications artistiques, les images dynamiques) ? La première étape de cet axe concerne la restauration et la valorisation des Reactive Books (1994-1999) de John Maeda, une pièce qui a fait l’histoire du design, d’interaction. La deuxième est la réactivation de l’oeuvre Neurotica de Hoogerbrugge, net artiste Hollandais, spécialiste de l’animation dynamique sur le web avec l’outil Flash, logiciel récemment écarté des plateformes numériques actuelles.

Objectifs

L’objectif du programme de recherche « Retour aux sources » est donc double : d’une part mettre à jour les œuvres ou les fragments de codes qui ont fait l’histoire du design interactif ou de l’art numérique, se saisir de ces briques algorithmiques qui les composent pour créer de nouvelles pièces, et d’autre part, amener les étudiant-e-s à communiquer de manière dynamique et inventive sur la création in progress, en travaillant avec des formats ouverts, évolutifs mais aussi consultables par le plus grand nombre et qui s’inscrivent dans une démarche de valorisation scientifique.

Résultats

Il s’agit de répondre aux enjeux de l’école d’art : expérimenter, faire évoluer le travail de l’étudiant tout en l’inscrivant dans une dimension interculturelle. Ce sont donc des résultats partagés, dans un esprit de coopération pédagogique et scientifique, qui combinent pratique et théorie mais aussi enrichissement mutuel entre les différents cycles. La recherche à l’ÉSAC, insufflée très tôt dans la pédagogie, permet en outre une transversalité, une valorisation et un rayonnement auprès d’autres structures comme l’INA par exemple. Il en résulte un ancrage territorial (rapprochements avec d’autres écoles d’art et instances universitaires qui travaillent sur ces questions), en lien avec la communauté de la recherche en école d’art. Les temps forts du programme « RAS » comme les workshops, les expositions et les restitutions sous forme d’éditions ou de sites Internet permettent aux étudiant-e-s de sortir des territoires balisés du graphisme, de véritablement s’engager dans une optique de graphiste d’auteur, touchant aussi bien l’impression que les formats numériques. Le véritable point fort de ce programme est de faire émerger des formes libres, de développer un point de vue critique sur la création numérique et de sensibiliser les étudiant-e-s aux savoirs ou œuvres situées au recoin de l’histoire de l’art et des techniques.

Ce programme a été soutenu par le Ministère de la Culture (Direction Générale de la Création Artistique).